Les huis clos, phase la plus stressante
"Il faut être un peu fou pour se mettre à nu de cette façon devant un jury!" Pour Amine, pas un seul passage sur scène n'aura manqué de le faire stresser, de susciter de la peur, des émotions vives et décuplées. Mais il estime que tout cela est normal. "C'est un exercice compliqué, il n'y a pas de formule magique qui permettrait de ne pas avoir de crainte avant de se confronter au jury. Il faut accepter et y aller, se concentrer sur un tour à la fois, sans présumer de ce qui va advenir. Il ne faut pas faire le match avant le match." Et selon lui, la phase des huis clos est la plus complexe ! Seul·e face au jury, la concentration est énorme. "Lorsqu'on se retrouve dès les quarts devant le public, c'est autre chose. Toujours sous pression, mais une fois sur scène, c'est le feu ! Tu es en connexion avec le public. C'est une vraie prestation scénique, beaucoup se joue dans le regard, dans les gestes."
Les sujets, imposés ou choisis, éléments clés du concours
Hormis le sujet de la finale qui a été déterminant pour Amine, à savoir "Peut-on promettre la lune?" (la vidéo de sa prestation est d'ailleurs à retrouver en bas de l'article), Amine revient sur le premier sujet qu'il a défendu, un sujet libre: "Sommes-nous responsables de ce que nous sommes ?" Véritable hommage à ses parents qui avait bouleversé le jury, Amine dira pourtant ne jamais leur avoir dévoilé son texte. "Une pudeur mal placée, certainement. Même si je sais que dans le fond, il faut dire ce genre de choses à celleux qu'on aime."
"Ça a laissé un goût amer, je ne voulais pas rester sur une défaite."
Cette participation au concours Réciproque n'était pas vraiment un hasard; Amine n'en était pas à son premier coup d'essai. Il avait en effet pris part au concours (à l'époque dénommé Eloquentia) en 2019. Éliminé en demi-finale, cette défaite lui avait laissé "un goût amer". "Je ne voulais pas en rester là."
Des prérequis pour se lancer ?
Selon Amine, le concours Réciproque ne s'adresse pas uniquement aux personnes à l'aise avec la prise de parole en société. Lui-même se dit de nature introvertie. Néanmoins, pour lancer dans ce concours, hormis la folie et l'amour des défis, Amine estime qu'il faut maîtriser les techniques et postures de base de l'éloquence, notamment en ce qui concerne le non verbal. Mais tout s'apprend. "Ce n'est pas qu'un talent naturel, même si certain·e·s l'ont. Il existe une théorie de l'éloquence. Et une fois qu'on en est conscient, on s'améliore rapidement. Parfois une ou deux séances de coaching suffisent." Séances et retours de coachs sont d'ailleurs mis à disposition des candidat·e·s (ndlr). "Moi-même j'ai été suivi par Monia (Gandibleux, ndlr) et sans elle, je ne serais pas arrivé jusqu'à cette finale."
Aujourd'hui étudiant en sciences politiques, Amine Tahiri aime toujours se frotter à l'exercice de l'art oratoire en public. Dernièrement, il a participé à la soirée des grandes plaidoiries, organisée par la Conférence du jeune barreau de Bruxelles. Une plaidoirie imposée à reprendre et défendre, comme si le propos et l'essence vous appartenait. Amine a sorti de sa bouche les mots de Robert Badinter, discours dédié à l'abolition de la peine de mort. Un texte fort et engagé.
Un mot pour la fin ?
"Soyez conscient·e·s que ce concours peut vraiment changer votre vie. Il peut faire naitre des vocations."
Vous pouvez revoir la prestation d'Amine Tahiri, lauréat de la Finale Réciproque 2022 au Kinograph ci-dessous.
Discours sur la thématique : "Peut-on promettre la lune ?" Il a répondu par la négative.